Le Web3, espace vanté pour sa décentralisation et sa souveraineté, se retrouve aujourd’hui forcé de plier devant les exigences des institutions classiques. Le partenariat de Bitget Wallet avec Mastercard, incluant l’inévitable KYC, témoigne d’un compromis qui pourrait bien trahir l’essence même du mouvement.
Jamie Elkaleh, CTO de Bitget, le confirme lui-même :
« Il y a un commentaire négatif, c’est le KYC, mais nous respectons la régulation qui l’impose. »
Une adoption « progressive » ou la stratégie pour masquer la capitulation face aux règles du système bancaire ?
Avec ses 8 millions d’utilisateurs, Bitget Wallet aurait pu frapper fort. Au lieu de cela, le CTO appelle à une « adoption progressive », preuve que la véritable révolution promise est bridée par la réalité réglementaire et économique.
« Honnêtement, je préfère que cette carte soit déployée de manière progressive. »
Une manière polie de dire que le Web3 renonce à sa fulgurance pour mieux s’insérer dans un système qui le contrôle.
La carte crypto « sans frais » : une illusion derrière un modèle économique traditionnel et contraignant
Bitget vante une carte crypto « 0 % de frais », mais la réalité financière est moins reluisante :
« Ce n’est pas 100 % sans frais. Il y a des frais de 1,7 % sur toute transaction hors dollar américain. »
Cette alliance avec Mastercard expose le Web3 à un modèle commercial classique, marqué par des frais cachés et des compromis qui soulèvent de sérieuses questions.
Les stablecoins, nouvel eldorado ou piège pour un Web3 de plus en plus centralisé ?
Si les stablecoins sont présentés comme des vecteurs d’adoption, leur nature centralisée interroge. La sécurité, déjà fragilisée par des affaires récentes d’enlèvements ciblant des détenteurs crypto en France, reste une épée de Damoclès. Bitget mise sur l’éducation des utilisateurs, mais est-ce suffisant ?
« Nous devrions toujours miser sur l’éducation, et apprendre aux gens à protéger eux-mêmes leurs actifs. »
L’alliance avec Mastercard, un coup dur pour la souveraineté numérique ou un mal nécessaire pour exister ?
Cette collaboration emblématique questionne la trajectoire du Web3 : normalisation ou compromission ? Le CTO ne cache pas la fracture :
« On ne peut pas aller 100 % Web3, mais on ne peut pas non plus accepter ce système bancaire déjà existant qui est trop intrusif. »
Derrière les discours, le Web3 s’engage dans une zone grise qui pourrait bouleverser son avenir. Compromis, ou progression discrète ?