Le procès pénal de Roman Storm débute aujourd’hui devant la cour fédérale du Southern District of New York (SDNY), avec la sélection du jury. Initialement prévu pour durer deux semaines, l’affrontement doit finalement s’étendre sur quatre semaines.
Storm est accusé de conspiration en vue de blanchiment d’argent, conspiration pour violation des sanctions américaines et conspiration pour exploitation d’un service de transmission d’argent sans licence — trois chefs pouvant lui valoir jusqu’à 45 ans de prison s’il est reconnu coupable des trois.
Qui est Roman Storm, le développeur derrière Tornado Cash ?
Roman Storm est l’un des deux créateurs de Tornado Cash, un protocole DeFi basé sur Ethereum qui permet d’anonymiser les transactions grâce à un mixeur cryptographique. En clair : il casse le lien entre les adresses d’envoi et de réception, rendant la traçabilité des fonds quasi impossible.
Un outil conçu, selon Storm, pour protéger la vie privée des utilisateurs, mais qui aurait aussi servi à blanchir plus d’un milliard de dollars, selon les procureurs américains.
Tornado Cash accusé de blanchiment d’argent et d’aide à la Corée du Nord

Le gouvernement américain accuse Tornado Cash d’avoir permis à des entités malveillantes – dont le tristement célèbre Lazarus Group nord-coréen – de blanchir des fonds volés, notamment après le piratage d’Axie Infinity (600 M$).
Storm est poursuivi pour :
- Conspiration en vue de blanchir de l’argent
- Violation des sanctions américaines
- Exploitation illégale d’un service de transfert de fonds
Il risque jusqu’à 45 ans de prison. La justice veut faire de lui un exemple, affirmant qu’il aurait aidé à contourner les sanctions de l’OFAC en connaissance de cause.
La défense invoque le droit de coder librement
Roman Storm nie toute responsabilité pénale : il aurait seulement publié du code open-source, librement réutilisable, et n’aurait aucun contrôle sur ce que les utilisateurs en font. La défense s’appuie sur le Premier Amendement, qui protège la liberté d’expression, y compris via du code informatique.
« Le code est une forme de parole, pas un crime », martèlent ses avocats.
Plusieurs associations et géants du Web3 – dont Coin Center, Paradigm, Ethereum Foundation, ou Electronic Frontier Foundation – soutiennent la défense. Plus de 2,5 millions de dollars en dons ont été levés pour financer les frais juridiques de Storm.
Ce procès peut bouleverser l’avenir de la confidentialité crypto
Ce procès pourrait créer un précédent juridique mondial : s’il est condamné, chaque développeur d’outils de confidentialité (VPN, messageries chiffrées, protocoles DeFi) pourrait être tenu responsable des actes d’utilisateurs anonymes.
La sélection du jury a commencé hier. Les audiences devraient durer jusqu’à la mi-août. La juge Katherine Polk Failla a déjà exclu certains éléments des débats, comme les sanctions de l’OFAC ou la situation géopolitique avec la Corée du Nord, pour « ne pas biaiser les jurés ».
Verdict à venir pour Tornado Cash : liberté de coder ou complicité de blanchiment ?

Le procès de Roman Storm est bien plus qu’un fait divers judiciaire : il pose une question fondamentale au monde entier. Le développeur est-il un architecte du futur ou un complice criminel ?
Quelle que soit l’issue, ce procès entrera dans l’histoire de la crypto. Et il pourrait bien décider si coder en liberté est encore possible ou punissable.